LES VAUTOURS DU VERCORS

Le Vercors est un des rares massifs à abriter les 4 vautours présents en Europe, voici le présentation de trois d’entre eux, le vautour fauve, le vautour moine et le percnoptère, le gypaète fait l’objet d’une page spécifique.

En Occident, on attribue aux vautours, comme à beaucoup de charognards et nécrophages, une mauvaise réputation. Ils sont associés à la mort. Pourtant le rôle écologique de ces grands rapaces est très important. En nettoyant les carcasses, ils peuvent éviter la propagation des maladies, en effet le circuit digestif des vautours est un «  cul de sac » pour les virus, bactéries et autres germes , ils empêchent aussi la puanteur des corps en putréfaction. Ils jouent donc un rôle économique et financier important en dispensant la mise en place de service d’équarrissage pour le ramassage des cadavres qui aurait un coût très élevé en région de montagne.

Vautour fauve

Identification : Le cou et la tête sont dénudés, ce qui lui permet de fouiller dans les carcasses sans se souiller les plumes. Le poids moyen d'un vautour fauve est de 8 kilos et son envergure jusqu’à 2,65 m. Il vit de 25 à 50 ans. Son crâne recouvert d'un duvet blanc est prolongé par un cou étroit et long d'où émerge une collerette de plumes hérissées blanches et duveteuses. Le bec puissant de couleur corne est pâle, les yeux jaunes. Le plumage est fauve contrastant avec les plumes noirâtres des ailes et de la queue. L'ensemble de la poitrine et du ventre fauve contraste harmonieusement avec le dos et le croupion chamois-brun. Les rémiges et les plumes de la queue courte et carrée adoptent une coloration brun-foncé noir. Le dessous est recouvert de stries brunes avec des bandes pâles sous les ailes.

Alimentation : Le vautour fauve est un nécrophage, exclusivement charognard c'est à dire qu'il se nourrit exclusivement de cadavres. Son bec puissant est capable de déchirer les tissus les plus résistants mais sa morphologie et ses grosses pattes de poule inaptes à la préhension le rendent incapable de s'attaquer à la moindre proie vivante. Son odorat est faible mais sa vue est exceptionnelle. Pour repérer une charogne, il dispose d'une capacité visuelle correspondant à 8 fois celle des humains. Il est capable de repérer un objet de 30 cm à 3000 mètres de distance, lorsqu'un vautour aperçoit une charogne, mouton, chèvre ou chamois, bouquetin, il alerte l'ensemble de la colonie, le festin sur une charogne s'appelle la curée. Souvent, les grands corbeaux viennent les premiers sur la charogne. Ce sont d'excellents indicateurs pour les vautours, car, très farouches, ils ne se risquent à approcher une proie que quand il n'y a plus de danger. Ils peuvent être jusqu'à 150 et plus à se quereller pour une même charogne. Ils sont capables d'ingurgiter jusqu' à 2 kg de viande en un seul repas. Mais ils peuvent rester plusieurs semaines sans manger s'ils ne dépensent pas d'énergie. Quoiqu'ils ne dédaignent pas la chair putréfiée, les vautours fauves préfèrent la consommer fraîche. Les carcasses sont intégralement nettoyées et il ne reste que les os qui sont dévolus aux gypaètes barbus.

Comportements :Le vautour fauve est un animal social, Les vautours fauves vivent en colonies et prospectent en grandes orbes. Quittant la colonie dès l'aurore, ils ne la réintègrent qu'en fin d'après-midi. Les couples se forment à vie. Les colonies aiment avoir, près de leurs aires, des reposoirs où les grands oiseaux se rassemblent. Ces surfaces sont en général orientées au sud ou au sud-est. Elles sont situées entre 500 et 1 000 mètres d'altitude. Les vautours fauves restent en hauteur sur des falaises pour profiter des courants d'air et s'élever sans fatigue.

Ces oiseaux avaient été exterminés par le fusil et le poison, leur réintroduction a commencé dans les Baronnies vers Rémuzat en 1996 et dans le Vercors vers Chamaloc en 1999

Cette année dans les Baronnies il y a eu 118 pontes et dans le Cirque d’Archiane les 25 pontes ont produits 17 jeunes vivants. Il est très facile de les observer dans ces secteurs mais l’été ils parcourent de grandes distances et prospectent entre autres les Hauts Plateaux du Vercors et de Font d’Urle où séjournent les troupeaux transhumants.

Vautour moine

Il est, avec le Gypaète barbu, le plus grand rapace d'Europe d'une grande envergure de 2,60m à 2,95m. Il mesure environ 1 mètre. Son plumage est brun sombre, la tête dénudée, de couleur gris clair. Si le vautour fauve porte une collerette blanche, le vautour moine en porte lui, une brun sombre. Son bec est brun noir.. Il est un peu plus grand que le Vautour fauve auquel il ressemble par la silhouette, bien que plus léger de 7 à 10 kg. Il s'en distingue par la tête plus grosse et la queue plus longue. Son plumage est très sombre, presque noir. C'est d'ailleurs cette caractéristique, ainsi que l'apparente "tonsure" qu'il porte sur le dessus de la tête, qui lui confère son nom.

Alimentation

Il se nourrit essentiellement de charognes. Lorsque le vautour moine a repéré un cadavre, il est dominant par rapport aux autres vautours. Cependant, dans la plupart des cas, il préfère attendre le passage des vautours fauves, pour se nourrir des parties dures laissées par les fauves, qui ne peuvent pas s'en nourrir. Tendons, lambeaux de peaux, cartilages font la joie de notre rapace. Ceci explique pourquoi le vautour moine a la tête emplumée (car il n'a pas besoin de rentrer sa tête dans les entrailles des animaux comme le font les vautours fauves) et un bec puissant qui lui permet de déchirer la peau la plus coriace des cadavres.

Comportement : Contrairement au vautour fauve, le vautour moine n'est pas un animal grégaire, il n'est guère sociable, vivant en solitaire ou en petits groupes lâches. Il apprécie les reliefs de gorges où les vautours moines aiment se reposer sur les rochers et les corniches en compagnie des vautours fauves. L'oiseau adulte est sédentaires et passe l'année à proximité de son site de reproduction, mais le jeune a un comportement plus aventurier et explore des territoires très éloignés de son site de naissance. A la différence du vautour fauve qui lui niche sur les falaises et en colonies, le vautour moine préfère construire son nid dans les arbres. Il exploite la forêt claire et les montagnes boisées.

Lui aussi avait été exterminé par le fusil et le poison, la réintroduction dans les Baronnies a commencé en 2004 et cette année 2 couples se sont reproduits dans ce secteur avec chacun 1 jeunes à l’envol.

Percnoptère

Le vautour percnoptère est un rapace de taille moyenne, c’est le plus petit des quatre vautours européens dont les couleurs dominantes sont le noir et le blanc à l'âge adulte. Ses ailes sont blanches sauf l'extrémité noire. La queue est blanche en forme de coin. La face et la gorge sont nues, couvertes de peau jaune un bec long et mince, de couleur jaune également. Les plumes de la nuque sont hérissées et jaunâtres. Sa taille est de 58 à 78 cm, avec une envergure de 150 à 180 cm, pour un poids 1,5 à 2 kg. Les deux sexes sont semblables. Les jeunes ont un plumage brun foncé sauf le croupion crème. En vol, le plumage noir et blanc du vautour percnoptère le fait ressembler à une cigogne blanche, au cou et aux pattes courtes.

Alimentation :Le percnoptère se nourrit d’une multitude de débris, cadavres, restes de mise-bas, excréments, qu’il glane ça et là lors de ses pérégrinations estivales. Sur une carcasse, le vautour percnoptère nettoie consciencieusement, grâce à son bec fin, les morceaux inaccessibles aux autres espèces Il est en effet capable d'atteindre les parties les plus inaccessibles des carcasses, les lambeaux comestibles nichés entre les os dont l'espacement réduit interdit le passage de becs plus forts que le sien. Cette particularité explique qu’il soit le dernier rapace charognard à exploiter un cadavre de grand mammifère. L'estomac des percnoptères est parfaitement conçu pour affronter le plus dur des régimes alimentaires. Ses sucs digestifs puissants l'aident à digérer de la viande en putréfaction renfermant des toxines mortelles pour les autres carnivores. Il a une bonne acuité visuelle qui lui permet par exemple de repérer à un lézard mort à plusieurs centaines de mètres de distance. Grâce à son jabot et à son gésier très extensibles, ce charognard peut se bourrer d'un énorme repas avant d'affronter des jours et parfois des semaines de jeûne. Il sait faire preuve d'ingéniosité : en Afrique Orientale, il casse des œufs d'autruches en projetant des pierres qu'il a coincées entre ses mandibules.

Comportement : Le vautour percnoptère est une espèce migratrice qui passe l’hiver en Afrique subtropicale et dans le Sahel de septembre à mars. De retour en Europe, les percnoptères adultes vivent généralement en couples fidèles et farouches, ils établissent leur nid dans des lieux accidentés, des falaises ou des gorges; dans une cavité bien abritée, ils amassent des branches sèches, des ossements, des débris divers puis un matelas feutré de laine et de poils. C’est une espèce plutôt solitaire.

Il est de nouveau présent dans la Drome, son retour spontané est sans doute lié à la présence des vautours fauves, cette année 2 couples se sont reproduits dans les Baronnies avec chacun un jeune, pour le couple présent dans la Gervanne, la reproduction a échoué cette année.

Des oiseaux complémentaires : La présence des différentes espèces de vautours sur un cadavre est très complémentaire, en effet chacun à un rôle bien précis, le vautour fauve intervient en premier il entame le cadavre par les orifices naturels et se nourrit principalement des tissus mous (viandes et viscères). Le vautours moine avec son bec plus tranchant s’alimente de parties coriaces tels que les cartilages, les tendons, la peau. Le vautour percnoptère peu exigeant profite des restes et le gypaète se nourrit des os. Une vingtaine de vautours est capable de consommer le cadavre d’une brebis en quinze minutes.

Bernard BOUTIN

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