LE GYPAETE BARBU DANS LE VERCORS
Vercors Nature a participé à
lopération de réintroduction du gypaète lancée par le Parc du Vercors. Notre
massif est maintenant un des rares massifs à compter lensemble des 4 vautours
présents en Europe, pour information, le Vercors abrite déjà 6 ongulés sur les 7
présents en France, chevreuil, cerf, sanglier chamois, bouquetin, mouflon, le daim est
quant à lui présent à létat sauvage seulement en Alsace.
Je vais donc vous donner quelques informations sur le gypaète,
oiseau emblématique des montagnes,
En Occident, on attribue aux vautours, comme à beaucoup de
charognards et nécrophages, une mauvaise réputation. Ils sont associés à la mort.
Pourtant le rôle écologique de ces grands rapaces est très important. En nettoyant les
carcasses, ils peuvent éviter la transmission d'une maladie épidémique, et empêche la
puanteur des corps en putréfaction, il joue un rôle économique et financier important
en dispensant la mise en place de service déquarrissage pour le ramassage des
cadavres qui aurait un cout très élevé en région de montagnes.
Mais tout dabord quelques explications sur les notions de
réintroductions qui sont souvent mal utilisées par les médias plus ou moins
volontairement créant ainsi des ambiguïtés ; la protection de notre faune sauvage
(patrimoine naturel) peut être assimilée à la protection de notre patrimoine
architecturale ou historique, cette année 2010 est officiellement lannée de la
biodiversité, un nom bien pompeux pour dire tout simplement la nature dans son ensemble.
Introduction. Il
sagit dintroduire artificiellement des espèces exotiques qui nont jamais été présentes et qui
peuvent être envahissantes, les naturalistes sont opposés à ces méthodes car elles
nont pas dintérêt sur le plan biologique et elles peuvent entraîner la
fragilisation et même la disparition des espèces locales, elles sont quelques fois le
fait du monde de la chasse pour le plaisir des trophées comme le mouflon dans le Vercors
(dailleurs mal adapté aux conditions de neiges ), elles peuvent être aussi le fait des particuliers qui abandonnent dans la
nature des espèces provenant danimalerie, (tortues
de Floride, grenouilles taureau,
)ou
danimaux qui séchappent des élevages ( visons, rats musqués
).
Réintroduction.
Elles sont difficiles à réaliser et lourdes à mettre en uvre, il est évidemment
souhaitable dintervenir avant la disparition complète dune espèce (par
exemple le tétras lyre) et elles ne peuvent concerner uniquement des espèces qui ont
été présentes par le passé. La prudence doit rester de mise pour ces réintroductions
et la médiatisation de celle-ci ne doit pas banaliser limpression que la nature
peut être détruite puisquelle est réparable. Lorsque les milieux sont favorables
et quil y a une bonne acceptabilité des populations humaines locales elles peuvent
donner de très bons résultats par exemple pour les bouquetins et les vautours fauves
dans le Vercors.
Retour spontané. Il
est du essentiellement à larrêt de la destruction ( chasse, piégeage, braconnage)
et au retour de conditions favorables sur le plan de la nourriture, dans la Drôme cela
concerne entre autres, castor, loutre, vautour percnoptère, loup , lynx.
Pour ce sujet sur la biodiversité dans la Drôme je vous
recommande le N° 157 Spécial Eté 2010 des Epines Drômoises de la Frapna et
larticle de Roger Mathieu, disponible en kiosque ou au siège à Valence.
Le Gypaète dans le
Vercors Drômois
Ce programme de réintroduction va durer 5 ans. Il a été lâché 3
oiseaux cette année au mois de juin, il y an aura 2 ou 3
autres les années suivantes.
Les oiseaux ont été mis dans une cavité naturelle qui a été aménagée à cet effet.
Ils
avaient à peu près 3 mois le 6 juin au moment de leur installation et ont donc passé
donc un mois dans cette cavité avant de pouvoir s'envoler.
Ces 3 gypaètes âgés dà peu près 3 mois ont été déposés
dans une cavité naturelle aménagée dans les
falaises au dessus de Treschenu le 6/06, ils étaient alimentés par une goulotte qui
déposait la nourriture dans la cavité de façon à éviter tout contact humain, ils se
sont donc imprégnés de leur nouveau territoire et ont observé les vautours fauves qui
volaient à proximité, cette méthode est la technique dite « au taquet »,
les protections qui évitaient une chute éventuelle ont été enlevées le 1/07 , le
lendemain ils ont pris leur envol pour de petits vols et on ensuite augmenté leur rayon
de vol, ils ont déjà été vus à une curée avec des vautours fauves.
Considéré comme le rapace le plus grand dEurope avec le
vautour moine, ce dernier maillon de la chaîne alimentaire, n'entre en compétition avec
aucune autre espèce du règne animal, il constitue une espèce phare de la biodiversité.
Ils ont été baptisés par tirage au sort.
Stephan pour le mâle provenant dun centre de reproduction
dAutriche.
Cordouane pour la femelle,
élevée en République tchèque.
Lousa probablement femelle, analyse en cours, de Haute-Savoie.
En vol, vous le
reconnaîtrez aisément à ses ailes longues, étroites et pointues de couleur
brun-noir, le corps crème-orangé et à sa queue cunéiforme (en forme de losange).
La tête est masquée de noir, barbichette noire sous le bec, dos et
queue noir, yeux blanc cerclés de rouge. le
bec couleur corne. Le sommet de la tête est crème. Taille:1 m à 1 m15. Envergure: 2 m50
à 2 m80. Poids: 6 Kg
Cet oiseau majestueux vit solitaire ou en couple, il passe toute
l'année en haute montagne.
Ce vautour
surnommé à juste titre le « Casseur d'os » se nourrit principalement d'os,
attiré par les mouvements incessants des vautours fauves, le gypaète va attendre
patiemment son tour. Quand les vautours auront nettoyé toutes les parties molles de la
carcasse, alors le gypaète interviendra. Son gosier est large et élastique, il peut
engloutir des os entiers mesurant jusqu'à 250 mm de long et 35 mm de diamètre.
Lorsquun os est trop grand, le gypaète va le fracasser sur son ossuaire. Les os se
cassent rarement du premier coup et certains sont lancés à 50-100 m de hauteur à
plusieurs reprises. Il n'a pas à subir de concurrence et profite d'une nourriture 15%
plus riche que la chair, avec ses puissants sucs digestifs, il est capable d'utiliser les
protéines, graisses et sels minéraux contenus dans cette nourriture très spéciale.
L'essentiel de l'énergie est concentré dans les apophyses osseuses et non dans la moelle
comme on le pense.
Le gypaète barbu niche dans les cavités de hautes falaises,
sur des corniches protégées des intempéries par un surplomb. Un couple a souvent
plusieurs aires de nidification. Leur nid se compose de branchages et de débris, et
l'intérieur est garni de plumes, d'herbes sèches, de laine et de poils d'origine
animale. Les couples ont du mal à se former, mais c'est pour la vie !
Jusqu'à l'âge de 4 à 5 ans, le jeune gypaète mène une existence
erratique, sorte de long voyage initiatique. Au terme de son voyage (6-7 ans, âge de sa
maturité sexuelle), il va commencer à se sédentariser; il recherche son aire de repos
(protégées des intrus et des intempéries), ce choix se fera en fonction de la
tranquillité du lieu, et d'une nourriture suffisante. Certains gypaètes reviennent là
où ils sont nés, c'est la philopatrie.
La réintroduction dans le Vercors semble très favorable car
pour la nourriture, il est lié à la présence de gros ongulés sauvages, notamment les
bouquetins, la présence dune colonie de vautours fauves ainsi que de nombreuses
falaises sont aussi des éléments qui permettent despérer une sédentarisation
futur dans notre massif.
Les 3 jeunes gypaètes ont des plumes des ailes et de la queue
décolorées pour mieux les différencier, ils sont équipés de balises pour suivre leurs
déplacements, actuellement ils évoluent dans un secteur de 30 km autour de leur site
denvol.et ont été vus dans le val de Quint et dans le Dévoluy.
Dans le prochain lapiaz,
je vous donnerai des informations sur les 3 autres vautours présents dans notre région,
les percnoptères, les vautours fauves, les vautours moines.
Lors de vos randonnées,
prenez le temps de lever la tête et transmettez vos observations si vous les voyez.
Bernard Boutin
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