MENACE SUR LE BOUQUETIN DES ALPES

Les caractéristiques: c’est un ongulé ruminant robuste et puissant de 70 à 110 kg pour le mâle, avec de longues cornes pouvant atteindre 1 m et peser jusqu'à 5 kg la paire, la femelle appelée étagne peut peser de 35 kg à 50 kg, ses cornes sont plus minces et plus courtes (30 cm), elle donne naissance le plus souvent à un seul cabri de fin mai à mi juillet, le bouquetin vit sur ou proche de terrains escarpés.

Espèce emblématique des Alpes françaises, le bouquetin est aujourd'hui menacé par les chasseurs qui souhaitent reprendre la "gestion de ces populations"... par la chasse.

Les chasseurs de la Savoie, de la Haute Savoie et de l’Isère ont en effet demandé l'autorisation de chasser l'animal à la ministre de l'Environnement en 2005, puis à nouveau en 2006.

Le bouquetin est le seul grand herbivore que l'on peut observer sans trop de difficultés dans les secteurs ou il est établi, des milliers de randonneurs et promeneurs en montagne ont ainsi pu rencontrer des groupes de "grandes cornes", ruminant paisiblement sur les bords des chemins ou face à de grandioses paysages de neige et de glace ... mais pour combien de temps encore ?

Ainsi, même si le bouquetin a une distance de fuite plus faible que celle des autres ongulés, celle-ci augmentera nécessairement en cas de chasse et il y aura une perte manifeste du plaisir de voir des ongulés à faible distance, pour les naturalistes comme pour le grand public. La distance de fuite des animaux sauvage est fonction de la pression de chasse, mais en aucun cas une distance de fuite courte ne veux dire que ce sont des animaux dégénérés comme certains veulent le faire croire, un animal sauvage est tout simplement un animal qui n’a pas besoin de l’homme pour trouver sa nourriture, son lieu de vie et gérer sa reproduction.

Le bouquetin en raison des milieux qu’il fréquente et de son régime alimentaire n’entre pas en concurrence avec les troupeaux domestiques et pour ce qui concerne les chamois aucune étude scientifique n’a mise en évidence cette concurrence éventuelle.

Sa situation actuelle.

Cet animal qui avait failli disparaître des Alpes par la chasse a été sauvé par la création du Parc de la Vanoise, certes ses populations se portent bien dans ce secteur ,mais l'animal n'a recolonisé qu'une petite partie de son territoire alpin. Il est encore absent des Bauges, de la Chartreuse et du Verdon. « Les effectifs sont encore trop faibles, et sa répartition trop restreinte pour autoriser la chasse. Moins de lOOOO bouquetins peuplent actuellement les Alpes françaises», explique Jean-Pierre Martinet, chargé de mission faune au parc national de la Vanoise.

La présence d'espèces protégées a souvent troublé l'homme. Baignés dans une culture de domination et d'exploitation séculaire de la nature, nous avons tous des racines d'éleveurs et de cultivateurs. qui constituent le filtre plus ou moins conscient à travers lequel s'exercent nos relations à la nature : « il faut que l'homme prenne les choses en main pour que cela fonctionne bien ».

Pourtant, chez le Bouquetin des Alpes, il n'y a pas de nécessité de régulation artificialisée.

En effet des études scientifiques ont été menées par le parc de la Vanoise, elles ont mis en évidence des processus naturels permettant des relations d'équilibre entre l'espèce et son habitat.

Il s'agit d'une espèce capable d'autoréguler ses effectifs dans une population donnée au fur et à mesure de son accroissement. Dans une population dense les femelles commencent à participer au rût à trois ou quatre ans, au lieu de deux ans dans une population peu dense et le pourcentage de femelles observées avec un cabri est approximativement la moitié de ce qu'il est dans une population peu dense.

Cela nous donne une leçon d'humilité quant à la gestion de la nature et à notre propension à vouloir tout régenter ! déclare Dominique GAUTHIER, président du Conseil Scientifique du Parc national de la Vanoise.

Autre étude: un beau travail scientifique mené en Suisse a montré que le Gypaète barbu, grand rapace nécrophage, en phase de réintroduction dans l'arc alpin, s'installait plutôt dans les secteurs où vivaient de belles populations de bouquetins, c’est donc une raison de plus de favoriser le développement des populations de bouquetins.

Le bouquetin des Pyrénées n'a pas eu la chance de son cousin alpin. Ce bel ongulé aux cornes en forme de lyre a disparu du massif il y a moins de 10 ans, en raison de la chasse.

En conclusion, il n'y a pas de nécessité économique ni biologique, ni écologique de déclasser le bouquetin des Alpes. Sa place se situe dans la nature pour le plaisir du plus grand nombre mais surtout pas sous forme de trophée au dessus de la cheminée chez un chasseur, considérons une bonne fois pour toute que la faune sauvage n’est pas la propriété privée des seuls chasseurs.

Le bouquetin dans notre région

Introduits en 1989 dans le Vercors dans le secteur d’Archiane, les bouquetins sont actuellement plus de 300 sur les hauts plateaux du Vercors, en mai 2000 une autre population a été réintroduite dans le Royans dans le secteur du Mont Barret .

Ne perdons pas de vue qu’une faune sauvage développée peut aussi être un atout touristique non négligeable surtout dans un contexte d’activité neige défaillante.

Pour observer et mieux comprendre ces bouquetins, une sortie présentée sur ce programme sera organisée en fin d’année dans le beau secteur d’Archiane avec des guides naturalistes.

Bernard Boutin

 

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